AUTOBIOCINETHNOGRAPHIE


1941


Jacques Willemont, AUTO-BIO-cin-ethno-GRAPHIE


1941 - le garçon qui souriait peu

Question : pourquoi, enfant, je ne souris pas ou très peu sur toutes les photos où je parais ?

Je ne suis pas en mesure d'expliquer pourquoi je fais la gueule.

Toutes les photos sont de ma mère et je sais comment elle obtient des sourires des enfants qu'elle photographie. Ceux de mes deux fils en témoignent.

Vers les six ans, au contact des adultes, j'ai éprouvé un sentiment étrange et ambigu. Je voyais bien comment les autres enfants se comportaient pour obtenir ce qu'ils désiraient. Sourires, compliments, ... " "- Tu es la plus gentille maman du monde. Je ne veux pas d'autre grand-mère que toi. Tes gâteaux sont les meilleurs. Etc."

Et ça marchait.

Moi je me contentais de rependre deux fois du gâteau pendant que mes courtisanes de cousines calait sur la moitié du premier quart.

"- Tu fais honneur à ma pâtisserie."

Ou bien, plaisanterie "- Il vaut mieux te prendre en photo qu'en pension !"

Erreur. Me sentant en sécurisé,  j'aurais dû récompenser la pâtissière d'une large sourire.

Voilà. Le mot est lâché. "Sécurité".

Je me sentais rarement en sécurité en raison du comportement irresponsable des adultes.

Ce sentiment d'insécurité persiste encore aujourd'hui.

Je ne fais pas confiance aux adultes.

Le propos peut paraître enfantin. Mais introspectez-vous comme je le fais couramment face à certaines situations. Un exemple :

En entrant dans un restaurant, Liane et moi croisons dans un ami attablé avec une femme. Le mouvement de son corps et l’expression de son visage répondent à la question que nous ne nous sommes même pas posé : est-ce une collègue ou une amie que nous ne connaissons pas ? 

Qui que ce soit, on s'en fout réellement. Nous n'allons pas, évidemment, évoquer cette rencontre avec sa femme, notre amie également. Pourtant, il ose :

"- Vous n'en parlez pas à M.".

Nous avions regardé sans voir. Et, c’est connu,  "pas vu, pas compris".

Alors que là, en sept syllabes, nous étions devenus ses complices. Il n'assumait pas. Comme les adultes du temps de ma jeunesse. Tous lamentables. Voilà sur le plan intime. Passons au plan public.

Je ne fais pas confiance non plus aux humains politiques.

Dois-je me sentir en sécurité avec le nouveau premier ministre ?

Son intervention sur la guerre en Ukraine m'assure [censuré] que non. Pourvu qu'il n'ait pas la responsabilité d'une guerre dans laquelle nous soyons directement impliqués.

Gabriel Attal a été interpellé au Sénat en janvier 2024 sur la guerre en Ukraine.

Cliquez et dites-moi si vous vous sentez en sécurité avec ce mec au gouvernement.

Heureusement, il y avait mes cousines. Et Claudette surtout.

J'ai toujours eu une très grande curiosité pour ce que représente la vie. Toutes les formes de la vie.

Mes cousines étaient assez complaisantes pour mes études d'anatomie comparée mais je ne les comprenais pas plus que les femmes adultes qui circulaient autour de moi. Presque toutes des "dominées-révoltées".

Trop jeune pour la remettre en question, j'ai accepté la "normalité" de leur statut dans le cadre de la famille.

Les hommes étaient toujours "en action". Un jour maçon, un autre jardinier, menuisier, peintre, ... Ils étaient aptes à tout.

Les femmes, elles, n'étaient apparemment là que pour nous surveiller, nous nourrir, nous torcher et "torcher la maison".

Cette dichotomie se retrouvait dans tous les secteurs de la vie. Même celui des contes et des histoires : je n'ai pas connu de grands-mères, de "mère l'Oye", sachant bien raconter des histoires.

Question : pourquoi les femmes ne semblent pas savoir - ou vouloir - raconter des histoires ?

Cette photo inspire un roman en cours d'écriture.

Son titre "Sang".

Un autre épisode de "Sang".

La photo avec le baquet a été prise dans cette maison.

A cet emplacement dans la cour.

Ce faisant, j'ai l’impression de revivre ce moment.

Mais bon, pure illusion.


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"Sang"

Ce roman est habité par deux personnages, Éléonore et Alexandre. Ils vivent ensemble trois moments forts de leur vie.

Le 14 juillet 1954 ...

Le 14 juillet 1954. Diên Biên Phu vient de tomber, mais les deux adolescents n'en ont rien à cirer. Leurs parents si, d'autant plus que cinq mois plus tard, le FLN ... vous connaissez la suite ? Non. Alors la voilà.

Livrés à eux-mêmes, ce soir-là, ils font la fête. Dans la famille, il arrive que cousins cousines tambourine mais ... Non, malgré le désir qui les bouleverse, une expérience inédite pour eux, ...  ils ne cèdent qu'au fou-rire et à l'extravagance de leurs danses. Les musiciens raccrochent. Alexandre raccompagne sa cousine jusqu'au village voisin, distant de 3 km. Arrivée au Bois-des-Moines, sur la Chaussée Brunehaut, Éléonore pénètre dans le sous-bois et lui fait signe de la suivre. Elle s'arrête et, alors qu'il s'approche, soulève sa jupe, lui prend la main et la conduit sur le bas de son ventre.

Elle frisonne. Son visage se crispe. Il retire vivement sa main. Leurs regards se figent sur les doigts rougis. Elle crie. Un cri de colère. Elle se rue vers la route et poursuit sa course en pleurant.

Quand il rentre au cours de la nuit chez ses parents, il est certain de ne la jamais revoir.


Le 3 mai 1968. Alexandre assiste à une conférence de Maurice Godelier au Musée de l'homme. Le thème : la domination masculine chez les Baruya de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il explique avec moult détails comment les hommes sont tenus à l'écart des femmes pendant près de 10 ans, le temps de préparer leur seconde naissance, loin du corps des femmes dont le sang menstruel détruit la force des hommes. Que peuvent bien pensez toutes ces femmes assises dans la salle ? Se distancient-elles suffisamment pour ne pas se sentir concernées ?

Alexandre songe soudain au Bois-des-Moines. Dans le même temps, ses yeux parcourent la salle à la recherche d'un regard courroucé ... Pas un. Elles ne sont femmes baruya, cela ne les concerne pas. Que dirait Éléonore de tout ce machisme, si elle était ... elle est là, un peu sur le côté, à dix  mètres.  Elle l'a certainement remarqué depuis quelques temps, parce que son visage n'exprime aucune surprise. Aucune émotion.

Aucun ne bouge ...

Il ne le savent pas encore mais, la grève des trains va les contraindre à rester sur Paris. Ensemble. Pendant 28 jours. D'une effusion de sang à une autre. Jusqu'au lendemain du 30 mai. Le défilé sur les Champs-Élysées. Auquel elle participe.


Le



tout va bouger autour d'eux, en eux,


Le


La précision ? A cause de son métier.



le spçlue.


femmes, disqu'il ne la révéra jamais.



Tous les deux la regardent

 Clotaire, mon père, est un très bon musicien. Il a appris sous l'impulsion d’Adrien, son père et donc mon grand-père.


Il y avait aussi mon père et son saxo ...

et Napoléon, Adolphe, Farjeau Bodelot.

Clotaire, mon père, est un très bon musicien. Il a appris sous l'impulsion d’Adrien, son père et donc mon grand-père.

Ce grand-père paternel est  marchand forain. "Marchand de nippes" disait-il par dérision. Nipper, c'est vêtir hommes, femmes et enfants et, surtout, les ouvriers des fermes dont les vêtements de travail étaient, à l'époque, fournis par leurs patrons.

Clotaire, mon père, Geneviève, ma tante (elle finira centenaire), et Grand père.

Adrien (1881-1973) était un homme instruit. Il était l'un des dix jeunes du village ayant fait le collège.

C'est là qu'il apprend la musique. Tout au moins assez pour diriger la fanfare d'un trentaine de musiciens.

Son père, Joseph "Émile" (1844-1909) est né dans la Somme mais il épouse Céline Vaquez (1850-1921) de Tartigny.

Ils montent ensemble un restaurant dans ce village, mais Céline n'aime pas l'ambiance : elle force son mari à changer de métier.

En 1871, ils deviennent "Marchands de nouveautés de confection". À Ansauvillers, le village où je vais naître 70 ans plus tard.

Mon père est le troisième en partant de la gauche au premier rang.

La talent musical de mon père s'est amélioré pendant son service militaire. Affecté à la musique du régiment, il va bénéficier de enseignement d'un prof d'un conservatoire de musique. Je ne sais plus lequel.

Il améliore encore sa technique -ai-je compris - lors des 9 mois de la drôle de guerre en 1939-40.

En 1945, il est approché par Ray Ventura qui fonde un nouvel orchestre, mais ...

Il ne veux pas abandonner son père qui lui fait un chantage à l’affection. Il refuse. 

Il en a parlé une seule fois :

"- Mon père ne pouvait pas conduire le camion. Alors ... Je suis resté. Je le regrette. J'ai raté ma vie. Ne renonce jamais, Jacques."

À défaut, il se produit avec un orchestre, certes "amateur", mais très réputé dans la Somme.

Et moi je l'entends tous les jours répéter.

Clotaire, mon père, est un très bon musicien. Il a appris sous l'impulsion d’Adrien, son père et donc mon grand-père.

1952 ... : le garçon qui ne souriait plus du tout.

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